On longe le fleuve sur une quinzaine de kilomètres depuis la ville pour arriver ici. Une seule route pour venir et repartir. Coincé entre les levées de deux cours d'eau dans une zone inondable, on surnomme cet endroit "Le Bout du Monde", un clin d’œil à ce côté sans issue, isolé et presque insulaire. La zone s'étire sur quelques kilomètres jusqu'à la rencontre de la rivière et du fleuve qui poursuit  ensuite son cours jusqu'à l'Atlantique. Aller jusqu'au pont de chemin de fer pour observer la confluence et marcher le long des voies pour atteindre l'autre rive est un rituel familial. De là on regarde le grand couloir des flots en imaginant l'océan au loin, et en se concentrant un peu, on pourrait presque sentir dans l'air une légère note iodée. A moins que ce ne soit seulement les effluves de vase séchée des rives sablonneuses de la Loire. J'éprouvais souvent une certaine crainte en m'y promenant, jetant naïvement des bâtons devant mes pieds pour m'assurer de la praticabilité du sol. On a entendu beaucoup d'histoires de personnes qui auraient disparu dans un sable mou ou un tourbillon.

Il y a plusieurs années je partais vivre loin de ces paysages dans lesquels j’ai grandi et qui ont été le décor de mes premières explorations photographiques. Des années plus tard j’explore de nouveau ces lieux et redécouvre ces espaces, laissant les réminiscences ressurgir et retrouvant un sentiment d’appartenance.

Photographies argentiques, formats variables.

Livre publié chez Out of Place Books (oct. 2022)

Le Bout du Monde

2020 - 2021
Indre-et-Loire / Val de Loire Tourangeau